La DENUTRITION : une maladie silencieuse

À tous les âges de la vie, prendre soin

La DENUTRITION : une maladie silencieuse

La dénutrition, enjeu majeur de santé publique, est une maladie silencieuse qui touche 2 millions de français dont 25% des plus de 70 ans vivant seuls. Elle concerne environ 40% des patients adultes hospitalisés, atteint 10 à 20% des enfants hospitalisés et seul 1 sur 3 est pris en charge. Cette maladie reste pourtant méconnue et très souvent sous diagnostiquée. Or elle aggrave les pathologies existantes, modifie la tolérance des traitements, accroît le risque de survenue de complications, est un facteur de perte d’autonomie et de chute chez la personne âgée, elle diminue également le confort des patients, prolonge la durée d’hospitalisation et augmente la mortalité.

Il est donc primordial que chacun, personnel médical et non médical, soit sensibilisé à cette problématique à tous les âges de la vie.

Les recommandations HAS du diagnostic de la dénutrition chez l’adulte de moins de 70 ans et de plus de 70 ans ont été actualisées (novembre 2019 et 2021). La principale nouveauté est l’association des critères phénotypiques et étiologiques

L’IMC donc le poids, la taille et le % de perte de poids sont actuellement les critères principaux de diagnostic. L’albuminémie n’est plus un critère de diagnostic mais seulement de sévérité de la dénutrition. Ces nouvelles recommandations s’appuient aussi sur un nouveau critère phénotypique : la mesure de la force musculaire pour la personne de < 70 ans (force de préhension à l’aide d’un dynamomètre ou handgrip ou le test de lever de chaise) et une sarcopénie confirmée pour la personne > 70 ans. Cette dernière mesure est l’association de la force musculaire et de la masse musculaire (à l’aide d’un impédancemètre ou le DEXA).

Il est important de souligner qu’obésité et dénutrition ne sont pas incompatibles, le diagnostic repose sur l’association d’un critère étiologique et un critère phénotypique à l’exclusion de l’IMC. Pour les patients obèses il est recommandé de rechercher une perte de poids par rapport au poids habituel avant le début de la maladie et une sarcopénie confirmée.

Les 1ers critères de la dénutrition en pédiatrie ont été publiés par l’HAS en novembre 2019. Ils ont été écrits sur le modèle des critères de la dénutrition de l’adulte et le critère phénotypique se base sur deux mesures anthropométriques : le poids et la taille. La prise de ces mesures est essentielle en pédiatrie (on dit souvent qu’un enfant qui ne prend pas de poids est un adulte qui en perd) ainsi que le tracé de la courbe de croissance. Il est donc indispensable à chaque consultation ou hospitalisation de toiser et peser les enfants et d’entrer ces données sur la courbe de croissance ORBIS. Le dépistage d’une dénutrition en sera facilité.

Les étapes de la prise en charge de la dénutrition :

La prise en charge de la dénutrition dans nos hôpitaux est aujourd’hui une priorité inscrite dans le PNNS ainsi que dans le plan stratégique de l’AP-HP. Elle fait partie du projet de soins du GH. Des équipes médicales, diététiques et paramédicales sont là pour lutter contre la dénutrition. Mais il reste encore beaucoup à faire. Dès l’admission, toute dénutrition et tout risque nutritionnel doivent faire l’objet d’un dépistage, puis d’une prescription médicale, d’une prise en charge nutritionnelle pluridisciplinaire (médecins, diététiciens, infirmiers, aides-soignants…) et d’un codage en fin de séjour.

Alors n’oublions pas que :

  • Le dépistage de la dénutrition à l’arrivée de tout patient est primordial.
  • Une prise en charge de qualité est notre objectif.
  • Le codage de la dénutrition est à améliorer : Le diagnostic de la dénutrition et sa prise en charge ne donnent pas lieu systématiquement à une codification dans le PMSI et donc à une valorisation pour les recettes du GH. C’est pourquoi, les services diététiques du GH se sont impliqués dans une aide au codage en faisant des propositions qui ont été reprises par les DIM des hôpitaux. A l’hôpital Robert-Debré un codage de la dénutrition « professionnalisé » réalisé par la diététicienne de l’UTDN a permis un codage exhaustif de tous les patients dénutris qui ont été pris en charge par les diététiciennes, et a permis des recettes supplémentaires pour le site de plus de 100 000 euros pour le 1er trimestre 2022. Le codage de la dénutrition directement réalisé par les diététiciens devrait être prochainement mis en place sur le site de Beaujon. Mais, outre la valorisation financière, le but reste de faire prendre conscience de l’impact de la dénutrition, d’être plus efficient dans sa prise en charge et d’apporter un soin de meilleure qualité à nos patients.
  • Enfin la mobilisation de tous les acteurs de l’hôpital (médecins, IDE, aides-soignants, diététiciens) est une action à poursuivre.

La semaine de la dénutrition a pour objectif de sensibiliser la population et les professionnels de santé à l’importance du dépistage précoce de la dénutrition. Plusieurs outils sont disponibles pour vous aider à mieux connaitre, évaluer et prendre en charge la dénutrition à l’hôpital, et vous seront distribués tout au long de la semaine !